Le torrent Giara et ses ponts

L'intérieur des terres du « Ponant Ligure » est réellement enchanteur pour qui souhaite s’immerger dans la nature. Mais ce qui frappe le plus le visiteur qui s’aventure dans la vallée de la Giara, c'est l'explosion du vert. De chaque côté des rives, une immense forêt d’émeraude jaillit à l’assaut de la montagne. Luxuriante, merveilleuse.

La promenade que vous vous apprêtez à faire restera tout du long imprégnée par ce paysage.

De vasques en cascades, vous remonterez le cours de la Giara jusqu’au lieu-dit « Ponte dei Passi ». C’est là que naît la Giara, de la confluence de trois plus petits torrents qui tombent à pic du Monte Monega (1882 m). En aval, ses eaux vont se jeter quelques kilomètres plus bas dans la rivière Aroscia, près de Pieve di Teco.

Plusieurs ponts franchissent la Giara. Les plus nombreux se trouvent entre les villages de Lavina et de Rezzo. Le plus en amont, situé dans un cirque étroit, est le « Ponte dei Passi ».

La qualité de construction de ces ouvrages leur ont valu l’appellation de « chef-d'œuvres de l'ingénierie rupestre du Ponant ligure ». Ils ont été édifiés entre le 16ème et le 17ème siècle pour faciliter l'accès aux châtaigneraies plantées en rive droite du torrent. Certains de ces ponts sont tombés en ruine au fil des ans, tandis que les plus fréquentés étaient remis en état aussitôt que les crues de la Giara les avaient endommagés.

L’endroit idéal, pour commencer cette promenade, est de partir du vieux pont romain sous le village de Lavina. C’est l’une des variantes de l’historique « Via del Sale ». Ce pont a été construit de manière admirable. Il est si solide qu'il a survécu récemment encore à la crue dévastatrice de novembre 2016. Un peu plus haut dans le village de Lavina, vous vous engagerez sur le chemin muletier qui remonte la rive droite de la Giara en la longeant tantôt en surplomb, tantôt au fil de l’eau. Vous parviendrez au pont « Cian del Brun ». Ce pont, construit par la communauté de Cenova (petit village perché en face, rive gauche), a permis à ses habitants de rejoindre plus facilement leurs châtaigneraies accrochées aux pentes de la rive opposée. Plus haut encore, vous tomberez sur le « Ponte rä Cianca », rendez-vous des pêcheurs, puis vous arriverez au « Ponte rü Murin », ainsi nommé parce qu’il traverse la Giara juste en face du moulin de l’ancien marquis de Clavesana. Ce « Ponte rü Murin" a sans doute été le plus utilisé par les rezzasques, puisqu’ils contribuèrent spontanément à sa restauration en 1827. Vous découvrirez ensuite le « Ponte Causinä », qui doit son nom à l’ancien four à chaux, aujourd’hui en ruine, qui permettait aux villageois de Rezzo d’y accéder depuis la rive gauche.

Vous voici maintenant tout proches du pont le plus célèbre… appelé entre eux par les gens de Rezzo « U Ponte cu Loccia », mais plus officiellement pour les visiteurs le « Ponte Napoleonico ».

La légende veut que ce pont ait été construit par les troupes napoléoniennes pendant leur occupation du territoire de Rezzo et que certains soldats aient enfoui le butin de leurs razzias dans la forêt qui surplombe la vallée.

Sur la fin du parcours, vous dépasserez le « Ponte de Runcumâ », puis le « Ponte râ Crava », pour arriver enfin au tout dernier, le « Ponte dei Passi », à partir duquel des sentiers cachés s’élèvent jusqu’au cœur de l’immense hêtraie de Rezzo, la plus étendue d’Europe.